"Mes os sont réglés sur un minuit sans lumière."
- Et ce soir...
- Squelette désarticulé.
- Ce soir...
- Désert chéri.
- Ce soir...
- Souffle rauque à moi.
- Ce soir...
- Où ma vie frissonne.
- Ce soir...
- Où ma chair d'abandonné connaît ces sueurs froides, ces éclats étincelant d'alcool.
- Ce soir...
- Où j'épouse le visage d'un adieu liquide.
- Ce soir...
- (...)
- Ce soir ?
Le ciel est un volcan d'ombre en éruption. Mes ficelles ont brûlé, moi, pantins livides aux douze larmes brumeuses. C'est une heure d'eau noire. La cale de mon cerveau encore étouffée par les fumées sombres de sa voix.
Plus rien.
Les nuages se sont corrompus. Même plus gris. - blanc ? - plus jamais. Les échos des étoiles se sont déversés dans le gouffre de mon crâne. La lueur, "Espoir", s'est perdue dans le râle de ces faux soleils, ces demi flammes sans chaleur sinon celle des miroirs ridés qui nous consument quand on n'a plus 18 ans...elles sont vieilles ces étoiles, et ne sentent plus l'infini. - Alors elles se râclent la gorge avant de parler... - l'espace n'a plus rien à leur dire. Vieillesse...d'un mauvais bois de tous les restes, peut-être. Alors même les astres vieillissent et deviennent polis. Voilà ce que je n'ai pas, vieillir, ce pas de travers, ce mauvais geste de malédiction, - on trébuche quand la mort nous court après : vieillir. -
"Mais ta chevelure de poison sombre ne vieillit plus avec moi."
Plus rien.
La folie reste jeune dans ma carcasse de déraisonné, et ta danse à toi se dilue lentement dans les mirages de mes sens embrumés...un paradis factice s'écoule de mes plaies, et l'enfant de l'encrier se propage à chaque battement que ton geste retient encore. Encore. Un dernier. Le coeur, où cet organe de cendre que tu attises ce soir, se perd, s'épuise dans les flots obscurs de ton adieu.
Plus rien.
(...)
"Minuit. Et même la lune n'a plus peur de vieillir."
Et toi, déesse de mon asile, tu as posé la graîne de l'Infini entre les cendres de ma poitrine...
Plus rien.