Chapitre 6: Kisageri combat
Partie ILa ruelle était faiblement éclairée. La pénombre semblait ne pas vouloir se dissiper et le soleil ne pas vouloir se lever. Soudain, un bruit. Une hache venait de ricocher contre un mur. Un nain avait raté son attaque meurtrière sur un villageois. Martuff s'élança seul contre lui, son unité de patrouille était trop loin pour pouvoir se permettre d’attendre des renforts. Il dégaina une longue et fine épée de la main droite et transperça le nain qui ne se relèverait plus. Mais déjà d'autres arrivaient, il eut à peine le temps de dire aux villageois de partir que cinq autres nains se jetaient sur lui. Martuff fit tout ce qu'il put pour les retenir assez longtemps pour permettre à l'homme de s'échapper et d'avertir tous le monde. Il bloquait les attaques de hache avec son bouclier de la main gauche et tentait quelques attaques de la main droite. En vain, les nains étaient beaucoup plus nombreux. Juste avant de les attaquer il avait utilisé le peu de connaissances magiques qu'il avait pour envoyer un message au capitaine de son unité, il ne lui restait plus qu'à espérer qu'ils arriveraient à temps.
Martuff sortit brusquement de ses pensées, pendant son combat il n'avait pas remarqué qu'un nain s'était faufilé derrière lui. Il était monté sur un baril de vin et en avait profité pour lui sauter dessus. Il n'eut pas le temps de réagir que le nain accroché à sa nuque sortit une dague et le frappa en plein visage...
Martuff se réveilla en sursaut. Toujours les souvenirs de ce jour maudit où il avait perdu son œil qui revenaient le hanter. Il alla se rafraîchir le visage. Le contact de l’eau froide lui fit le plus grand bien. Après s’être essuyé et avoir nonchalamment enfilé ses vêtements, il sortit de la tente. Il était six heures du soir. Il s’était accordé un léger somme du fait qu’il serait de garde pendant la nuit. Ses pensées allaient de-ci et de-là. Il se demandait comment s’en sortait l’équipe d’Amnaël au village, puis ses pensées revenaient vers la situation la plus préoccupante. Il ne se faisait pas trop de soucis pour eux, Liam était avec eux. Ils étaient donc en sécurité.
En revanche, la situation n’avait pas l’air de s’améliorer ici. Endymion était devenue une véritable forteresse imprenable, mais l’armée du pays de l’eau ne s’était toujours pas décidée à attaquer. Depuis plusieurs jours maintenant, le cirque incessant de la diplomatie ne semblait pas vouloir s'arrêter. Le pays de l’eau envoyait régulièrement des émissaires pour informer le pays du feu des exercices effectués par l’armée. Ce dernier faisait de même, prétextant également un exercice pour défendre la capitale et surveiller les littoraux. Chacun semblant attendre le premier faux-pas de l’autre pour pouvoir lancer l’offensive. Martuff n’aimait pas du tout cela ; et cet état d’esprit se ressentait très nettement sur l’armée elle-même. Chacun, autant qu’ils étaient, n’en pouvait plus de ce suspense interminable. Ils auraient préféré que tout se termine vite. Martuff s’arrêta au bord d’une muraille, et demanda au capitaine en charge de l’unité du secteur de lui faire un rapport. Rien de nouveau, le pays de l’eau s’était restreint aux exercices annoncés. Le pays du feu en avait fait de même. Martuff se demanda quand est-ce que la situation finirait par se débrider. A présent il se moquait de savoir quelle nation déclencherait les hostilités, la seule chose qui lui importait était d’en finir au plus vite.
Soudain, Martuff ressentit une légère pression sur sa tête. Il avait tellement pris l’habitude de recevoir des messages par magie qu’il ne s’arrêta même pas et continua à marcher tout en écoutant le message. C’était la voix du Pyroleader :
« Le Pays de l’eau vient de terminer ses exercices et a annoncé le retrait de ses troupes aux hauts dignitaires du pays du feu. Nous ne saurons pas s’il s’agissait bel et bien d’un exercice ou d’une tentative d’attaque annulée de par notre fortification de la capitale. Nous allons donc laisser quelques unités ici le temps que les troupes adverses se retirent. Toi et les dix unités sous ton commandement pouvez donc rentrer au village dès maintenant. Les autres suivront à une journée d’intervalle conformément à ce qui a été annoncé par nos ambassadeurs au pays de l’eau. »
Il ne s’agissait donc que d’un simple exercice. Martuff fut soulagé que cette attente soit finalement terminée. Il s’empressa à son tour d’envoyer un message à chacun des dix capitaines sous ses ordres, leur demandant de venir le rejoindre le plus rapidement possible sous sa tente.
Une demi-heure plus tard, ils étaient tous réunis autour d’une table. Ils avaient l’expression des mauvais jours sur le visage. Tous s’attendaient à être envoyés réaliser pour le bien du pays une mission quasi suicidaire.
Lorsque Martuff leur eût annoncé la nouvelle, ils ne purent s’empêcher de pousser des cris d’allégresse. Ils étaient apparemment heureux de retourner au village tout en ayant pu éviter un bain de sang.
Martuff, quant à lui, ne pouvait s’empêcher d’être sceptique. Pourquoi avoir fait tant de remous pour un simple exercice de l’armée adverse ?
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Partie IIAmnaël avait gravi les trois quart du volcan. Il courait toujours aussi vite, à la fois pressé de voler au secours de Liam, mais également redoutant cet instant. Il appercevait le sommet maintenant. Il courrait et courrait aussi vite que possible. Enfin, il l'avait atteind. Amnael pensa un instant qu'il n'avait jamais réalisé l'ascension en moins de dix minutes. Mais ces pensées s'arrêtèrent. Amnael venait d'appercevoir Liam. Il était devant lui. D'après ce qu'il pouvait constater Liam concentrait toute son énergie pour maintenir une énorme barrière de feu d'où émanait l'énergie d'Altaïr. Soudain, il compris tout. Plusieurs nains avait du attaquer Liam, Altaïr s'était trouvé là au bon moment, et ils avaient surement pris la descision d'attirer les nains ici pour les combattre. En les confinants à l'intérieur de la barrière, il les empêchait d'attaquer le village.
-Amnaël !
C'était la voix de Liam qui le sortit de ses pensées. Il comprit ce qu'il devait faire avant même que Liam lui explica. Il s'élança sur la barrière de feu qui s'était ouverte partiellement pour le laisser entrer. Cet effort de manipulation sembla coûter cher à Liam qui vacilla et tomba à genou. Mais la barrière tenait bon.
Devant lui se dressait un nain, il était de dos, c'était sa chance, il se précipita derrière le nain, leva Salamandra et abbatit l'épée. Il mit dans ce coup d'épée toute sa rage accumulée au cours des dernières heures. Mais au dernier moment, Altaïr qui avait vu venir l'attaque meurtrière sur le nain bloqua la lame d'Amnael avec la sienne...
Amnaël était perdu. Il ne comprenait plus. Pourquoi Altaïr avait il donc sauvé l’ennemi ?
Soudain, le nain qui était resté immobile jusque là se retourna. Il les contourna d’un mouvement rapide. Il leva sa hache. Tout était fini, il allait mourir ici, trahi par son ami.
Quelques secondes plus tard, Amnaël se rendit compte qu’il n’était pas la cible du nain qui continuait sa course. Il le suivit du regard et resta pétrifié, stupéfait de ce qu’il voyait. Ce fut la voix d’Altaïr qui le sortit de sa torpeur.
- Oui Amnaël, c’est bien un morak. Ils sont deux. Je ne sais pas pourquoi ils en ont après nous. Ils ont attaqué le manoir ce matin.
La pensée de devoir se battre contre l’une de ces créatures lui glaçait le sang. Peu de monde était au courant de leur existence. C’était Altaïr qui lui en avait parlé pour la première fois il y a de ça quelques années, mais Amnaël n’avait jamais voulu croire à cette histoire d’assassins. Aujourd’hui, il devait bien admettre leur existence.
- Comment se fait il que ces créatures nous attaque, tu ne m’avais pas dis qu’elles travaillaient sous les ordres du pyroleader, s’écria Amnaël.
- Je ne sais pas, je ne comprends pas moi non plus. En tout cas, prépare-toi, leur réputation d’assassins fumeurs noirs n’est pas usurpée.
La seule vue de ces créatures tétanisait Amnaël. Le morak était un monstre à l’apparence humaine. Il avait une tête, deux bras, deux mains, deux jambes et deux pieds. Mais à la différence d’un humain, du sang ne circulait pas dans ses veines. C’était de la lave en fusion.
Toutes les artères de son corps étaient d’un rouge éclatant. Dépourvu de toutes sortes de pilosités, il était chauve. Accrochées à ses poignets, Amnaël devinait deux lames enflammées.
Ils avaient été surnommé « Assassins fumeurs noirs » de part leur technique de meurtre. Ils avaient la capacité de stopper temporairement la circulation de lave dans leur corps, dans le but de créer autour d’eux une épaisse fumée noire. Cela leur permettait de se dissimuler dans la fumée avant de réactiver la lave qui coulait en eux et de carboniser leur cible.
Désormais, les choses s’éclaircirent pour Amnaël. Les deux gardes c’était eux ; le nain, c’était eux.
A quelques pas de là, le nain continuait son combat avec le morak. Aucun des deux n’arrivait à prendre l'avantage. Les coups de hache paraient facilement les attaques de la créature, mais le morak était très rapide. Ne laissant aucun répit à son adversaire, de telles manières que le semi-homme n'arrivait pas à placer une seule contre-attaque.
Très vite, Amnaël détourna le regard, le second morak se dirigeait déjà sur les deux combattants.
- Les lâches, ils vont l'attaquer à deux, s'écria Altaïr.
Amnaël n'eut pas besoin de réfléchir longtemps. Il se précipita sur le morak et l'intercepta avant qu’il ne l'ait atteint. L'attaque des moraks sur Kisageri constituait un crime très grave qui ne devrait pas rester impuni. Le morak devant lui n'arrêta pas sa course. Mais Amnaël n'eut aucun mal à le stopper, ils étaient très rapides, mais la puissance de leurs coups en était fortement diminuée.
Le morak continuait ses attaques fulgurantes, Amnaël les parait, mais il était obligé de reculer. Puis soudain, la créature sembla marquer un instant d'hésitation.
Ses yeux était rivés sur Salamandra, il la fixait si intensément qu'il semblait en perdre de vue le combat. Il sembla vouloir dire quelque chose, mais avant même qu'il ait eu le temps d'émettre un quelconque son, Altaïr arriva par le flanc du morak, leva son épée et trancha net sa tête.
Amnaël n'en revenait pas. Il s'était passé quelque chose, il avait voulu dire quelque chose, mais il ne saurait jamais ce que serait cette chose. Cela avait un lien avec Salamandra, il en était sûr. Mais, déjà le premier morak qui avait vu son compagnon se faire décapiter s'élança vers Altair en poussant un cri strident. Le nain s'était mis à sa poursuite mais c'était trop tard, il n'était pas assez rapide.
Amnaël se rapprocha rapidement d'Altaïr, et se mit dos à lui. Le morak qui s'avançait vers eux utilisa sa capacité; et en quelques secondes la pièce formée par la barrière de Liam fut remplie par une épaisse fumée noire. Amnaël n'y voyait plus rien, seule la sensation du dos de son ami appuyé contre lui l'assurait qu'il était encore derrière lui. Cinq secondes, dix secondes, vingt secondes passèrent, toujours rien en vue. Soudain, il lui sembla entrapercevoir une lueur orangée, mais déjà elle avait disparu.
Il tenta de lancer par magie un éclair de flammes, mais rien à faire, la fumée était trop dense et l'on ne pouvait pas voir à travers. La peur le tenaillait, le morak n'était pas très puissant, mais il pourrait se trouver à coté de lui sans le savoir. Amnaël eût alors une vision d'horreur, il se vit allongé par terre le cou ensanglanté, les lames aux poignets du morak encore ruisselant de son sang.
Il s'arracha à ses pensées, mais il n'arrivait pas à se rassurer.
Soudain, le morak apparut devant lui, il aurait aimé que ce monstre soit prisonnier entre quatre murs, il aurait aimé être en sécurité.
- Il est là, s'écria Amnaël de toutes ses forces avant de s'effondrer par terre.
Il sentit ses forces qui le quittaient, tout devint noir. Amnaël sombra dans l'inconscience.