150 000 inconnus à cette adresse

On m'a forcé à poster ça, donc je le fais.

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Il ne sait rien, pas même là où il va. Il a voyagé pendant de nombreuses heures au fond d’un camion poussiéreux avec beaucoup d’autres. Puis, une fois le camion arrêté, on les en a fait sortir tour à tour. Et il fut un des premiers à quitter le camp militaire où on les avait provisoirement installés. Maintenant, il fonce aveuglément et ne réfléchit pas. Il ne pense pas. Car on ne pense pas en temps de guerre. Bien qu’armé jusqu’aux dents, il est aussi innocent qu’un enfant. On pourrait se dire qu’il aurait pu désobéir, ne pas partir et déserter, mais penser cela serait une erreur. Maintenant qu’il est lancé, il ne peut pas revenir en arrière. Il se dirige tout droit vers une ville qu’il ne connait pas et qu’il ne désire pas connaitre. En effet, il ne connait pas les traditions de cette ville, il n’a jamais entendu le rire des enfants dans les rues, ni sentit les odeurs d’épices dans les marchés couverts. Il n’a jamais vu ni les minarets qui surplombent les toits, ni les pierres sèches des maisons arrosées de Soleil. Il est sourd, aveugle et impassible à tout ce qui l’entoure. Il ignore tout et ça lui est entièrement égal. Il n’a qu’à suivre le chemin qui a été tracé pour lui. Et il n’est pas le seul à être dans cette situation, il y en a des milliers d’autre qui se dirigent vers cette ville pour les mêmes raisons. Quand on les a envoyés faire la guerre, on a prétendu sauver un pays de la dictature. Lui, ne sait même pas ce qu’est une dictature. Devant sa face lisse et inexpressive, c'est toute une ville qui se dessine, il va bientôt atterrir. S’il avait su regarder il aurait vu les toits des maisons défiler à toute allure, il aurait vu les toits grandir à vue d’œil en raison de sa perte d’altitude, il aurait vu les bâches colorées accrochées au-dessus des rues pour abriter les souks, il aurait entendu les voix des marchands vantant les mérites de leurs produits. Et ne serait-ce que pendant une fraction de seconde, il aurait vu cet enfant, tout proche, pieds nus, aux cheveux bouclés, qui s’amusait à faire des bulles et à les éclater gambadant dans les rues. Mais il ne vit rien de tout cela, il fit ce qu’il était censé faire, percuter le sol et exploser. Il n’était rien de plus qu’un simple obus.



N'ayez pas peur de commenter !

Super ! J'ai vraiment adoré, la fin est vraiment surprenante !
On pense vraiment à un soldat (même si la "face lisse" est assez surprenante^^)
J'ai beaucoup aimé le titre, t'es-tu inspiré de inconnu a cette adresse pour le titre ?

C'est bien, mais c'est trop court. Je trouve le titre un peu bizarre (va savoir pourquoi) mais vraiment c'est bien.

Je ne trouve pas ça trop court.

Pas mal. Par contre la répétition excessive du "Il" est assez agaçante.
D'où t'es venue brusquement cette idée d'écrire sur la guerre ?
Je remarque comme un changement de style, tu me dira ça fait un petit moment que tu n'as pas posté !

Liam Daläa a écrit:

Ah, oui pas mal. Par contre la répétition excessive du "Il" est assez agaçante.
D'où t'es venue brusquement cette idée d'écrire sur la guerre ?
Je remarque comme un changement de style, tu me dira ça fait un petit moment que tu n'as pas posté !

Oh tu sais, avec les récents évènement en Libye et tout et tout ça fait réfléchir..

Le "il" est là pour montrer que le personnage n'a pas de véritable identité, ce n'est au final qu'une chose, un obus


Alors je m'en tire pas trop mal ?

Oui, oui. Pas trop mal même si le "il" saccade un peu trop le texte à mon goût et trouble la fluidité de la lecture.

Liam Daläa a écrit:

Oui, oui. Pas trop mal même si le "il" saccade un peu trop le texte à mon goût et trouble la fluidité de la lecture.

Alors à ton avis il faudrait les modifier ?

Ca serait mieux mais... C'est difficile...
Car il ne faut pas non plus nommer l'objet, afin qu'on ne sache pas qu'il en est un.
Je n'ai pas d'idée pour le remplacer, mais ça serait mieux pour la fluidité.
Au fait je me pose a même question que Gudule : Tu t'es inspiré de inconnu à cette adresse, un livre de Kressman Taylor, pour le titre ?

Liam Daläa a écrit:

Ca serait mieux mais... C'est difficile...
Car il ne faut pas non plus nommer l'objet, afin qu'on ne sache pas qu'il en est un.
Je n'ai pas d'idée pour le remplacer, mais ça serait mieux pour la fluidité.
Au fait je me pose a même question que Gudule : Tu t'es inspiré de inconnus à cette adresse, un livre de Kressman Taylor, pour le titre ?

Comment l'avez vous deviné ???

En même temps c'est un peu flagrant !
(Tu peux éviter de citer les messages, c'est un peu inutile ! )

Citation :

(Tu peux éviter de citer les messages, c'est un peu inutile ! )

j'avoue!

J'aime bien aussi... c'est vrai que c'est un peu court mais en même temps, il n'en fallait pas plus donc en fait, c'est bien!
Comme Liam j'ai pu remarquer une évolution au niveau du style mais ce n'est pas déplaisant. Et quant à ce "il", personnellement ça ne me gêne pas trop, je trouve même que le texte acquière un certain "rythme"... m'enfin c'est mon avis, hein!

Un certain rythme ? Et bien tant mieux pour ton texte, alors !

Pas gênant, on lit bien le texte.


Pour la longueur (antinomique, amusant, izeune titte ?), je verrai ça en tract pacifiste. Il est clairement fait pour être lu rapidement, de manière très cursive, et de surprendre sur la fin (surtout avec la chute décrite plutôt subtilement).


Pas mal du tout, ça m'a fait sourire, puis réfléchir. Une réussite.


(et y'aurait de quoi dire sur la Lybie, et pas forcément dans le sens qu'on croit - ou plutôt dans tous les sens. Bordel, c'est une synthèse de ce qu'on a aperçu via les médias (ici pris au sens de moyens d'informations, quels qu'ils soient). Et c'est hors-sujet).

Bon alors, voilà on avoue la vérité, ce texte n'est pas de moi mais de Liam *_*

On voulait voir ce que ça donnerais si c'était moi qui la postais

Bref donc pas de changement de style pour moi je suis toujours "fantasy / SF"


Maintenant je le laisse peut être répondre aux questions que vous avez posé plutot que d'inventer des trucs

*fuit*
*revient timidement pour s'expliquer*

Oh, vous savez... on s'amuse comme on peut !
Oui c'est bizarre, oui c'est inutile, mais bon c'était marrant !

* part en chantant "Il en faut peu pour être heureux" *

*revient, distraitement*

Ah oui, merci pour vos commentaires ! (même s'ils ne mettaient pas vraiment destinés!)

En effet, le titre vient du roman Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor.
En écrivant ce texte je faisais plus référence au 150 000 mort Irakiens durant la guerre en Irak, mais peu importe le lieu, seul importe le geste.

*se retourne vers Liam et dit:*

- Super !! J'ai vraiment adoré, la fin est vraiment surprenante !
On pense vraiment à un soldat(même si la "face lisse" est assez surprenante^^)
J'ai beaucoup aimé le titre, t'es tu inspiré de inconnu à cette adresse pour le titre?
^^

mais... mais... non, c'est impossible! NNNNNNNNNNNOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
tu nous as trahis, Amnaël , comment as-tu pu?

Ha, les joies du double compte/échange de compte pathologique... Je fus maitre, fut un temps de cette technique (lolilol)

Le titre m'avait fait penser aussi tout de suite à Kreissman Taylor. Le seul point commun, par contre, excepté le titre, c'est la longueur de l'oeuvre.

Bref. Je trouve ca pas mal, mais peut etre un peu court. Ou un peu "étrange". Je conçois bien que le "personnage" ait une psyché assez lapidaire, le point de vue étant réellement intéressant. Mais bon. Est-ce bien pour autant, je ne crois pas.

Continue à creuser, retravaille éventuellement le texte quand tu auras plus de "bouteille" (je ne parles pas d'alcoolisme ou de te prendre une bombe sur la gueule, hein, je précise bien...). Ca peut donner du très bon, qui te rendra riche quand tu en fera "don" (contre espèces sonnantes et trébuchantes) à Amnesty International.

C'est sur que le sujet est pas mal éloigné de l’œuvre de Kreissman Taylor. Mais le titre serait à prendre comme la dernière phrase du texte, en fait, un bilan.
Je prend tes conseils en note, et la "bouteille" aussi.

Mais pas pour Amnesty International. (Ce n'est pas encore l'or de se réveillor !)

Henri de Walrins a écrit:

Ha, les joies du double compte/échange de compte pathologique... Je fus maitre, fut un temps de cette technique

Ah ça... me souviens encore de cette vague candidature.


Dommage, j'ai vraiment cru que c'était Amnael l'auteur de ce texte. Et j'allais dire que je comprenais pourquoi Liam t'avais obligé à poster ça, car c'est typiquement le genre de texte qu'il aurait pu écrire.

Le texte est étonnant. Le point de vue bien pensé. Le message est clair. On ne peut qu'aimer.

Citation :

Et ne serait-ce que pendant une fraction de seconde, il aurait vu cet enfant, tout proche, pieds nus, aux cheveux bouclés, qui s’amusait à faire des bulles et à les éclater gambadant dans les rues.

La construction de cette phrase me gêne un peu. Mais l'image de l'enfant/des rires d'enfants est évidemment très pertinente. Très Amnesty International comme dirait H.

Merci, Shadow.

En effet, cette presque-dernière phrase est lourdement saccadée.
Mais pour moi, lorsque je l'ai écrite, c'était un ultime halètement, une sorte de souffrance cardiaque et pulmonaire où chaque virgule est un battement de cœur et chaque groupe de mot un souffle agonisant. En fait, je m'y croyais vraiment. Là, dans cette ville, c'était moi l'enfant.

Spoiler: