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 Clémence

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2 participants
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Bakselball

Bakselball



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MessageSujet: Clémence   Clémence I_icon_minitimeDim 1 Avr - 16:45

Salle de classe banale, dans un lycée banal.







Une petite quarantaine d'élèves (trente-quatre exactement), penchés sur leurs cahiers d'exercices, le stylo à la main, écoutent d'une oreille distraite leur professeur débiter sans interruption :

« Donnez-moi les coordonnées du point B, qui est l'image du point A par la translation de vecteur U+2v, puis vous tracerez... »

Le reste de la consigne se perdit dans le brouhaha soudain provoqué par la sonnerie tant attendue annonçant la fin des cours, le raclement des chaises contre le carrelage et les bavardages des élèves trop contents de pouvoir enfin délier leur langue après deux heures passées dans une classe mal éclairée par les vieux néons mourants et pas assez grande pour leur permettre une bonne liberté de mouvement des jambes.

Le professeur de Mathématiques, Monsieur Kahrédas, un petit homme au crâne dégarni, au ventre rebondi et au regard intelligent dissimulé derrière une paire de lunettes de forme circulaire, déposa sur son bureau son cours sur lequel était inscrit l'exercice qu'il était en train de dicter à ses élèves de seconde d'un geste d'agacement en déclarant :

« N'oubliez pas de bien vous préparer pour demain. Bonne fin de journée à tous. Hynel, pouvez-vous venir me voir, s'il vous plaît ? J'aimerais vous faire part de quelque chose qui pourrait vous intéresser. »

Le dénommé Hynel en question, un garçon de taille modeste, aux cheveux blonds comme les fétus de paille, aux yeux couleur de la mer et au regard vif, se fraya un chemin jusqu'au bureau de son commanditaire parmi ses camarades qui ne désiraient qu'une seule chose : rentrer chez eux le plus vite possible et se connecter sur les réseaux sociaux sur lesquels ils sont inscrits et discuter avec des gens qu'ils ne connaissent pas des derniers jeux vidéos sortis.

Il avait le nez camus, des oreilles en partie cachées par sa chevelure importante, arborait un sourire timide et un air fatigué. Vêtu d'un pull à capuche blanc et d'un jean bleu qu'une ceinture empêchait de glisser, à contrario des autres élèves, qui aimaient à monter leur caleçon, il n'avait pas le physique de Sylvester Stalone ou de Schwarzeneger, loin de là. D'ailleurs, du fait de sa petite taille et de sa maigre musculature, les ''imbéciles'' l'appelaient Arnaud Little, en référence au film Stuart Little. Ces moqueries étaient accentués par le fait qu'il était de loin le meilleur élève dans le domaine des sciences et de la langue française.

Tel un soldat qui viendrait communiquer un rapport à son chef, il se redressa (sans pour autant imiter le salut militaire) et demanda :

« Oui m'sieur ?




    • - Arnaud, au vu de ton excellente moyenne lors du premier trimestre en algèbre et en géométrie, j'ai décidé, si tu réussis le contrôle de demain, de te faire participer à un concours national réunissant les meilleurs élèves de France. Es-tu d'accord pour y participer ?

    • - Oui m'sieur. Quand se déroule-t-il ?

    • - Le 15 mai, à Paris. Je te communiquerais ce dont tu auras besoin la semaine prochaine. Je doute fort que ton évaluation soit mauvaise. Bonne chance pour demain.

    • - Merci m'sieur. »


Arnaud prit congé de M. Kahrédas, rangea rapidement ses affaires et sortit de la salle de classe. Clémence l'attendait, adossée contre le mur sale de l'interminable couloir du second étage. Elle écoutait à peine ce que lui débitait Alexis, un garçon de grande taille, aux yeux marrons comme le tronc d'un chêne et aux cheveux de la même couleur. A la vue du jeune homme, il lui jeta un regard noir qui en disait long sur sa pensée le concernant avant de s'en aller en faisant rouler ses larges épaules. Arnaud l'ignora complètement et demanda à son amie :

« Je te raccompagne ?

- Si tu veux », lui répondit-elle en esquissant un sourire.

Elle était aussi grande que lui, à deux ou trois centimètres près, avait des yeux verts pétillants de malice et de vie ainsi que de longs cheveux noirs et fins, semblables à une cascade coulant directement du ciel étoilé. Son nez fin était divinement sculpté, à la manière des statues grecques et ses oreilles étaient si pointues que, si on la projetait dans les décors du film Le Seigneur des Anneaux, on aurait pu la confondre avec l'elfe Arouen, fille du seigneur Elrond et épouse du roi Aragorn. Elle était vêtue d'un gilet noir qui cachait un chemisier blanc et d'un jean bleu qui épousait ses formes avec délicatesse.

Clémence Fiin était la meilleure amie d'Arnaud. Les deux adolescents se connaissaient depuis seulement trois ans et pourtant, ils se vouaient une confiance aveugle l'un pour l'autre. Autour d'eux, leurs amis, leurs parents, et même leurs professeurs les voyaient ensembles, liés par un sentiment plus puissant que l'amitié.

Et ils ne se trompaient pas de beaucoup.

Les deux jeunes gens quittèrent le lycée en discutant de la fête que donnait l'un de leur ami chez lui dans trois semaines. Ils étaient invités mais ne savaient pas comment s'habiller. Le thermomètre devait avoisiner les 0°C car les pare-brise de certaines voitures étaient gelés et des plaques de verglas se laissaient apercevoir sur la chaussée. Pourtant, cela n'empêchait pas une bonne trentaine de lycéens et collégiens de d'enfumer tous les passant avec leurs mégots.

Clémence n'habitait qu'à cinq cent mètres de l'établissement scolaires où ils étaient scolarisés. C'était devenu une habitude pour le jeune homme de passer la chercher le matin et de la ramener chez elle le soir, à la sortie des cours. Le père de l'adolescent ne voyait pas d'un très bon œil le lien qui l'unissait à sa fille. Il n'aimait pas ce garçon plein de bonnes manières et d'une incroyable gentillesse.

Arnaud, quant à lui, vivait seul avec sa mère et sa petite sœur Mira de 7 ans, à une trentaine de minutes de marche du centre-ville. Ses parents s'étaient séparés neuf jours après la naissance de la fillette. Depuis, son père avait quitté la maison et il ne l'avait plus jamais revu.

Ils remontèrent la file interminable de voitures conduites par les parents qui tenaient absolument à venir chercher leur gosse eux-même. Mais ils ne savaient pas qu'ils contribuaient au réchauffement climatique par le simple fait de prendre leur gros 4x4 pour parcourir deux cent mètres à vol d'oiseau.

Ils s'engouffrèrent dans les ruelles de la vieille ville. La main de Clémence se glissa avec douceur dans celle d'Arnaud, qui la serra délicatement, comme on serre une feuille morte que l'on ne veut briser. Ils marchèrent ainsi cinq bonnes minutes parmi les anciennes bâtisses en calcaire et en bois noir sans croiser personne. La nuit commençait à tomber, étendant son long manteau noir sur la ville.

Soudain, au détour d'une ruelle, une silhouette noire et menaçante surgit de l'ombre et se jeta sur Arnaud avec un rugissement sauvage ressemblant étrangement à celui du lion.

Pris au dépourvu et projeté en arrière par la force phénoménale de son agresseur, il s'écrasa dans un bruit sourd sur le pavé boueux de la rue Albert Thomas, mal éclairée à cette heure de la soirée. Il se recroquevilla sur lui-même en se protégeant la tête de ses mains pour atténuer la puissance des coups qui pleuvaient sur lui, tels des giboulées de mars.

Son adversaire était au-dessus de lui et lui fracassait la figure de ses poings rugueux et rageurs. Il ne pouvait rien faire. Même le fait de distinguer le visage de l'inconnu lui était impossible.

Clémence, quand à elle, s'était éloignée de deux mètre de la scène et regardait, impuissante, les mains plaqués contre sa bouche, une expression d'horreur sur son visage, son meilleur ami se faire salement amocher. Mais que pouvait-elle faire pour l'aider ? La rue était déserte...

Mais, à la lueur d'un lampadaire, elle reconnu ces traits déformés par une haine sans nom.

« Alexis ! » s'écria-t-elle.

L'agresseur se tourna vers elle, un sourire cruel sur ses lèvres.

« Sors avec moi, Clémence, ordonna-t-il.

- P... Pardon ? Bégaya la jeune fille, pourtant sûre d'avoir parfaitement entendu.

- Sors avec moi, où bien je le tue. »

C'est alors qu'horrifiée par ces paroles, elle vit briller dans la main droite d'Alexis un petit objet long et effilé, qu'il appuya contre le cou de sa victime.

Elle hésita à répondre.

« Ne l'écoute pas ! réussit à articuler son ami. Refuse, je t'en supplie. Ma vie n'est pas importante. »

Arnaud sentit un mince filet de sang couler le long de son torse lorsque son agresseur enfonça sa lame d'environ 3mm dans sa peau.

« Sa vie ne dépend que de ta réponse, s'impatienta Alexis.

- Mais qu'est-ce qui te passe par la tête ?! Que t'a fait Arnaud pour que tu lui en veuilles à ce point ? Pour que tu aies envie de le tuer ?

- Ne vois-tu pas qu'il n'arrête pas de te tourner autour, tel un loup près à l'affût, de te faire des compliments uniquement pour t'attirer dans ses bras ? Qu'a-t-il à t'offrir ? Des poèmes bidons ? De faux bijoux parce qu'il n'a pas assez d'argent pour acheter des vrais ?

- Il m'a déjà offert son amitié... Et elle est sincère.

- Laisse-moi rire ! Il veut juste t'attirer dans son lit et passer un peu de ''bon temps'' avec toi, rien de plus. Tous les ''intellectuels'' de son espèce sont comme ça.

- Arrête tes délires, Alexis. Tu es jaloux d'Arnaud, c'est tout.

- Alors c'est non ? »

Clémence se figea, comme rappelée à l'ordre.

« Si jamais je répond négativement... ?

- Il meurt. »

Le jeune homme eut un petit rire sadique.

« Et si je décide de sortir avec toi, même si je n'en ai aucune envie ?

- Tu deviens une jeune fille comblée, aimée, je te présenterais à mes parents, à toute ma famille, et surtout, je t'offrirais tout ce que tu veux. »

Elle se tourna vers Arnaud, qui la regardait avec une expression de terreur semblable à celle d'une pauvre bête blessée qu'un chasseur s'apprête à abattre, comme s'il avait peur qu'elle accepte.

Une larme coula au coin de son oeil gauche, une larme amère, pleine de tristesse, de souvenirs passés avec son ami... Elle se trouvait devant un cruel dilemme : quelle que soit sa réponse, elle le perdait pour toujours.

« Alors ?

- C'est... d'accord... », murmura-t-elle dans un souffle.

Alexis se releva, rangea son couteau dans sa poche et s'approcha d'elle.

Sous le regard rempli de larmes du jeune homme à terre, qui se tenait les côtes et la tête entre les mains, il la serra dans ses bras sans vraiment être délicat, et l'embrassa. Elle ne se détourna pas. Mais ses yeux témoignaient de son refus manifeste.

Le garçon lui prit le bras et ils s'éloignèrent en direction de la maison de la jeune fille, située à même pas deux cent mètres. Arnaud, toujours couché dans la boue, entendit très distinctement Alexis dire : « A présent, oublie-le. Il ne fait plus partie de ta vie. ».

Il resta une bonne quinzaine de minutes à terre, à verser autant de larmes que son corps pouvait évacuer hors de lui. Tout lui revenait : les moments passés avec Clémence, leur rencontre, leurs rires, leurs pleurs, leurs désillusions, leurs moments de gloire ou de joie... Et voilà que tout venait d'être anéanti par un imbécile jaloux mais dangereux. Pourriture ! Enflure ! Arnaud ne trouvait pas de mot qui aurait pût décrire Alexis dans ce moment précis.

Au bout de ces quelques instants, il se remit péniblement debout, le nez et les pommettes en sang, la figure sale, l'œil droit à moitié fermé et la désagréable sensation de la lame du couteau contre sa gorge encore présente.

Le trajet pour retourner à son domicile fut extrêmement difficile. Il avait du mal à marcher, faillit se faire renverser deux fois de suite par une voiture et s'attirait les mauvais regards des passants, regards dût à ses vêtements crottés. Il évoluait parmi les piétons tel un zombie : les yeux mi-clos, les mains dans les poches, continuant de pleurer.

Pour lui, son cœur battait encore, mais sa vie ne voulait plus rien dire, comme si elle était terminée.

Lorsqu'il poussa enfin la porte de sa maison, il trouva sa mère dans le hall d'entrée, morte d'inquiétude :

« Mais où étais-tu passé ? Cela doit faire au moins une heure que tu devrais être rentré ! Et dans quel état tu es ! Où as-tu été traîner ? Tu aurais pût me prévenir tout de même ! Imagine combien je me suis inquiété pour toi ! »

Puis, apercevant la mine affreuse et couverte de sang de son fils, elle s'écria :

« Il t'est arrivé quelque chose ?! Tu t'es fait attaqué par un gang ? Que s'est-il passé ? Raconte-moi ! »

Incapable de retenir ses pleurs, Arnaud fondit en larmes en s'écroulant dans les bras de sa mère, tandis que sa petite sœur Mira entrait dans l pièce, inquiète elle aussi pour son grand frère, et sanglota simplement :

« Elle est partie... Pour toujours... »




Les jours suivants furent un calvaire sans nom pour le jeune homme, qui rata complètement son contrôle de mathématiques, le cerveau embrumé par les événements de la veille. Il ne fut donc pas retenu pour le concours national, à la grande déception de M.Kahrédas. Il erra seul dans les couloirs, dans la cour de récréation, seul, fut convoqué chez le proviseur pour être ''sorti de ses gongs'' lors d'un cours de sciences physiques, au grand désarroi de toute la classe, et à la grande satisfaction d'Alexis.

Ce dernier prenait un malin plaisir à bécoter Clémence sous ses yeux. C'était très facile pour lui de faire rager Arnaud en agissant ainsi, les trois adolescents se trouvant dans la même classe. En salle de cours, dans les étages, au self, en sport, à la sortie de l'école... Où qu'il aille, Alexis se trouvait là, fier comme un paon de sa nouvelle situation. Lui et Clémence étaient constamment entourés de ''sa bande'', un groupe de pervers et fumeurs qui ne se gênaient pas pour toucher les fesses des filles, ou leur poitrine. Et ils faisaient de même sur sa ''copine''. Alexis ordonnait toujours à Clémence de ne pas regarder son ancien ami. Elle obéissait, mais parfois, elle tournait vers ce dernier un regard triste, vide, dénué de bonheur.

Il fut renvoyé deux jours. Deux jours pendant lesquels il tenta de se suicider en avalant une bonne douzaine de somnifères. Il réussit seulement à passer une semaine à l'hôpital. Ses notes dégringolèrent. Sa mère prit rendez-vous avec la psychologue du lycée... Sans résultat : Arnaud ne prononça un seul mot de toute la séance.

Il tomba dans la démence, devint violent... Sa vie venait de basculer.

Un mois. Cette situation d'enfermement sur lui-même dura un mois entier. Elle lui suffit à envoyer son second trimestre en l'air, compromettant son passage en Première. Il ne mangeait plus à sa faim, dormait d'un sommeil rempli de cauchemars, fondait en larmes pour un ''oui'' ou pour un ''non'' et ne voulait plus prononcer un seul mot depuis ce 12 janvier.



Mais un soir, alors qu'il rentrait chez lui, le regard dans le vague et la tête vide de sensations, comme tous les soirs, il entendit un curieux gémissement provenant d'une impasse noire comme son esprit.

Tout son être lui criait de passer son chemin, pourtant, ses pas le menèrent vers ce bruit presque inaudible.

La rue était sale, le sol jonché d'ordures. Il aperçut même un rat déguerpir à son approche. Au fur et à mesure qu'il se rapprochait des gémissements, ses yeux s'habituaient à l'obscurité... jusqu'à distinguer une masse sombre étendue sur le sol gelé, recroquevillée sur elle-même. Lorsqu'il la reconnut, son cœur fit une embardée et la peur le saisit.

« Clémence ! » s'écria-t-il en se précipitant vers elle.

Il s'agenouilla aux côtés de son amie, paniqué et tremblant de tous ses membres. Elle portait de nombreuses traces de coups au visage, et notamment à la mâchoire, qui saignait abondamment. Du sang coagulé se laissait entrevoir sur son front.

Lentement, elle leva vers lui son visage poussiéreux, creusé par les larmes. Ses vêtements étaient dans un bien piètre état.

« Qui a osé... ? » commença Arnaud en la relevant.

Un timide sourire se dessina sur ses lèvres, un sourire triste. Elle toussa doucement avant de demander :

« Tu reviens... après tout ce que tu as subi... ?

- Dis-moi ce qu'il c'est passé, je t'en prie. »

Le jeune homme la soutenait et tous deux se dirigeaient vers un parc éclairé qui se trouvait à proximité. Pendant qu'ils marchaient entre les réverbères et le arbres dépourvus de leurs feuilles en cette saison, elle lui raconta, d'une voix entrecoupée de reniflements et de hoquets :

« C'est Alexis... Il voulait... Il voulait me... Voilà... Mais moi, je ne voulais pas... Alors il m'a frappé, en me disant... Que j'étais une ''pute''... Qu'il allait revenir... Et qu'alors, j'allais voir ce que j'allais voir... J'ai peur Arnaud... J'ai peur pour ta vie... J'ai peur pour la mienne... »

Il la laissa pleurer, sans savoir quoi dire, quels mots prononcer pour la calmer et la rassurer. Peut-être n'en existait-il pas. Ses yeux se remplirent à leur tour de larmes de rage.

Lentement, il l'enserra de ses deux bras et posa sa tête contre la sienne. Elle ne se dégagea pas mais se lova plutôt contre lui. Il ne la laisserait plus partir.

Soudain, une voix reconnaissable entre mille vint briser ce moment presque magique entre les deux adolescents :

« Je t'avais mis en garde non ? Je t'avais bien dit de l'oublier ! Je t'avais dit qu'il ne faisait plus partie de ta vie ! Tu as bien vu ce qu'il est devenu : un délinquant qui se met à ''chialer'' à la moindre contrariété. C'est vrai ce qu'on raconte à ton sujet, Ar-nouille, ta mère aurait honte de toi, à présent ? »

Clémence s'arracha à l'étreinte de son ami et se tourna vers Alexis, les yeux rouges et les poings crispés.

« Laisse-le tranquille, ordonna-t-elle en se plaçant devant Arnaud, dans une posture protectrice envers ce dernier.

- Pardon ? s'étonna Alexis en secouant la tête.

- Je t'ai dis... de le laisser tranquille, répéta-t-elle.

- Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Tu m'ordonnes...non, tu oses m'ordonner, toi, une simple ''fille à son papa'' de ne pas l'embêter dans le moment présent, toi qui l'as tant fait pleurer ?

- Comment ?! s'offusqua la ''fille à son papa'' en question.

- Allons, ne fais pas l'innocente. Tu sais tout comme moi que c'est de ta faute s'il ne vit plus que dans l'ombre de lui-même, s'il est passé du statut de ''premier de la classe'' à celui de ''jeune délinquant violent''.

- Tu oses me faire retomber ce qui lui arrive sur moi ?! hurla-t-elle en ameutant les passants alentours. Qui l'a agressé alors qu'il était sans défense ? Qui s'amusait à lui faire ''péter les plombs'' au lycée, en lui faisant croire que j'étais devenue ta petite amie ? Mais c'est toi pauvre abruti ! Si j'ai accepté de sortir avec toi, c'était uniquement pour lui sauver la vie, alors qu'il avait TON couteau contre SA gorge.

- Tais-toi, siffla Alexis entre ses dents en jetant autours de lui des yeux paniqués, ou sinon...

- ''Ou sinon'' quoi ? Que peux-tu me faire ? Je n'ai plus peur de toi ! Me battre tout à l'heure à l'abri des regards après avoir tenté de me violer ne t'a-t-il pas suffis ? Lâche ! »

Elle ne vit pas la lame étinceler dans la main du jeune homme. Elle ressentit simplement une violente douleur à l'estomac lorsque le ''laguiole'' lui transperça le ventre. Elle s'écroula sans un cri.

Sans réfléchir à la différence de taille, de poids et de force qui le séparaient d'Alexis, Arnaud se jeta sur ce dernier, les yeux larmoyants, et lui assena un crochet du droit qui le fit reculer d'un pas, tellement il était puissant. La riposte de son adversaire fut aussi rapide et violente. Son nez cassa sous l'impact.

Du coin de l'œil, il vit deux ou trois passants se précipiter vers Clémence et prendre leur téléphone, sans doute pour appeler les secours. Les autres les entouraient mais aucun n'osait stopper le combat qui faisait rage entre les deux garçons, de peur d'être blessé. Dans ce genre de situation, un accident est si vite arrivé.

Arnaud frappait avec rage tout ce qui se trouvait être à son adversaire : visage, thorax, menton, épaule, bas-ventre... Ce dernier essayait de riposter par des coups de couteau, mais il n'arrivait seulement qu'à l'entailler. Étrangement, bien qu'il soit plus grand et plu fort qu'Arnaud, Alexis avait le dessous.

Sous les assauts répétés de son adversaire, il commença à tourner de l'œil, sonné, comme un boxeur qui sait qu'il vient de perdre un round.

Un dernier crochet du gauche, et il s'écroula comme une masse, assommé, le visage couvert d'ecchymoses. Arnaud esquissa un sourire triomphant avant de sombrer lui aussi dans les ténèbres qui l'appelaient à grands cris, sa main droite sur la plaie béante qui s'était ouverte au niveau de son ventre. La dernière chose qu'il vit avant de laisser son esprit vagabonder seul, ce fut une bonne dizaine de piétons s'approcher de lui et de son amie, suivis de deux hommes en blanc.




Lorsqu'il se réveilla, il était allongé dans un lit blanc et douillet, de lares bandages enserrant son torse et ses bras nus. Il mit une douzaine de minutes avant de réaliser qu'il était en vie et à l'hôpital (une nouvelle fois).

La pièce était nue, avec des murs simples, sans tableaux ni décorations. En face de lui, une horloge électronique affichait la date d'aujourd'hui : le 14 février. Dans un coin, il aperçut, assis dans un fauteuil en cuir blanc, sa mère en grande discussion avec un homme de haute stature en blouse. Il les observa un moment avant d'entendre et de comprendre qu'ils parlaient de lui et des événements récents :

« ... et donc votre fils sera sur pieds dans deux jours maximum, vous pouvez me faire confiance. Il gardera des belles cicatrices, notamment au niveau de l'estomac, mais aucune séquelle. Il a eu beaucoup de chance.

- Et comment va son amie ?

- Elle s'est réveillée il y a de cela cinq heures. Ses blessures étaient moins profondes que les siennes (il désigna Arnaud). Elle m'a confié qu'elle passerait bientôt pour veiller sur votre fils. Elle ne devrait pas tarder à arriver, à présent. »

En effet, à peine avait-il prononcé ces mots qu'on frappa à la porte.

« Tenez ! dit-il en se levant pour aller ouvrir, justement, la voici.

- Bonjour Docteur, lança une voix féminine, est-il réveillé ?

- Bonsoir, mademoiselle. Oui, depuis environ vingt minutes. »

Arnaud haussa alors un sourcil, surpris, puis se tourna vers la nouvelle arrivée.

Qu'elle était belle, dans sa robe de chambre ! Il aperçut un énorme pansement au niveau de son cou et son cœur fit un bond dans sa poitrine. Mais il sa calma aussitôt en comprenant que tout allait bien.

Il la regarda s'approcher de son lit, s'asseoir sur une chaise proche et lui prendre la main. Cela lui fit l'effet d'une décharge électrique.

« Venez, Mme Hynel, laissons-les seuls. », dit le docteur, et les deux adultes sortirent de la chambre.

Une fois qu'ils furent partis, Clémence déclara :

« Alexis ne nous embêtera plus : il a été condamné à quatre ans de prison ferme pour tentative de viol et agression physique à l'arme blanche sur mineurs. C'est la fin de notre... de ton cauchemar. A présent, tout va redevenir comme avant. »

Elle lui sourit et il lui rendit son sourire. Il était heureux de l'apprendre.

« Clémence... commença-t-il en rougissant légèrement

- Oui ?

- Tu sais qu'aujourd'hui, c'est la... Saint-Valentin.

- Oui... et ?

- Et bien, tu l'as sans doute deviné... mais je t'aime... de tout mon coeur.

- Je sais... moi aussi, je t'aime. »

Doucement, il lui prit l'autre main et l'attira à lui. Leurs lèvres s'effleurèrent, puis se rencontrèrent et leurs bouches se joignirent dans un baiser rempli de passion, le premier de leur histoire.














































-FIN-
C'est ma première nouvelle. J'espère que vous me donnerez votre avis, une seconde arrivera bientôt.
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Liam Daläa
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Liam Daläa



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MessageSujet: Re: Clémence   Clémence I_icon_minitimeDim 1 Avr - 16:57

Je la lirai dès que possible.
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Clémence
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