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| | Études | |
| | Auteur | Message |
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Ghan Vo
| Sujet: Études Dim 24 Juil - 15:38 | |
| - préambule aux études:
je compte rassembler ici quelques poèmes que j'ai écrit sous l'égide d'études. certains textes ont déjà été postés dans le fil de mon sujet "Source", mais je les reposte ici par souci de "cohérence" et pour qu'ils s'incorporent mieux. en ce qui concerne le sens que je donne à ce terme d'études, il n'est peut-être pas tout à fait inutile que je le précise pour la lecture. je l'emploie en deux sens parfaitement complémentaires :
le premier peut être comparé au sens qu'ont pu donner à ce mot d'étude des musiciens comme Liszt ou Chopin : sa tâche est d'élargir les horizons techniques de celui qui s'y adonne. affiner l'oreille, le doigté, l'habileté, en quelque sorte la virtuosité d'interprétation.
le second sens se rapproche plutôt du travail préparatoire auquel le peintre ou le sculpteur s'adonne pour dominer une forme nouvelle, pour traduire une vue, en procédant par esquisses.
ces deux acceptions (musicale et plastique) se combinent dans ce que je cherche à faire : j'aspire à une 'technique' du langage qui épouse la suggestion, une suggestion qui se donne pour but la vérité sensible et une certaine forme de beauté. pour ça, je m'inspire très ouvertement d'une idée à mi chemin entre le Parnasse (pour leur culte de la belle forme, de la rigueur et pour les analogies entre poésie et statuaire qu'on y trouve) et le surréalisme (pour l'importance donnée aux formes jaillissantes du rêve, à cette vitalité dont les songes nourrissent les sentiments et la perception des formes matérielles, solides, concrètes, réelles).
Dernière édition par Ghan Vo le Dim 24 Juil - 17:09, édité 3 fois | |
| | | Ghan Vo
| Sujet: Re: Études Dim 24 Juil - 15:45 | |
| Étude sur le nu
I
Nu perdu
je me souviens d'une voix dentelle ôtée des nuits d'été je me souviens joyeuse joyeuse infante dénudée
la vie était mer de vingt ans aux lents embruns sur la ville
je me souviens des voitures surgies dans l'ivresse des vents immaculés les phares pleins feux de solitude
toi taquine par spasmes comme une adolescente tes ongles plantés dans ma tendresse et ma tendresse agrippée
à ta jupe de silence
au chemisier du monde
à tes draps d'éclipse envolés dans l'or du ciel
c'était le linceul du temps les suées folles
il faisait chaud il faisait froid
j'ai dit la fatigue n'existait plus
insomnie je me souviens de ta santé étrange
joyeuse joyeuse infante dénudée
ton petit lit au pinacle des béatitudes tes yeux à peine sauvages qui de braise d'orage bordaient mon cœur
tes yeux clos prairies de fonds de fleuves de fonds de rêve "je regrette" "je regrette" aux paupières des fenêtres embuées de lune
je me souviens cette gaieté des gestes que je bravais (maladroit) poumons rompus d'hymnes de triomphe soupirs soulevés comme des danses d'extase que j'exultais parce que la nature portait quelque chose de toi
ton odeur de beauté
sursaut de rire
cet air de violon sous la poitrine que mes lèvres n'osaient toucher de peur de l'interrompre
c'était peut-être l'hiver
II
voûtes pareilles à tes épaules légères légères pierres douces de ta peau petits lierres du frisson que l'hiver enlace à ses bras d'aqueduc d'aqueduc les dômes sous les vents guillerets les montagnes où parut ton visage (miracle miracle) les nuées d'oiseaux qui migraient migraient (vers quelle Provence?) ton parfum d'été regretté l'église svelte aux hanches dessinées à ton idée les psaumes les hymnes l'ecclésiaste récité oublié oublié les fontaines à notre image taries taries dans les bras de l'hiver qui furent aussi mes bras d'aqueduc d'aqueduc en ruines douces en ruines éparses aux pierres démolies le plan du corps déshabillé gommé jusqu'à la moelle et recommencé dans la solitude solitude de la chair | |
| | | Ghan Vo
| Sujet: Re: Études Dim 24 Juil - 15:52 | |
| Chambre mansarde mon amour( étude sur les nus - en mouvement rotatif amoureux) deux corps sont enlêmlés un menton dessus l’autre bras dsus bras dsous du coin de l’oeil, l’un voit fenêtre l’autre l'oreille déjà: MORDUE la vitre, rectangle parfait, s’émeut: arrondie par son ouverture au monde tournoyant comme un vent ivre de notes qui t la chair c n o e u b r et tout s'engouffre comme un public dans un théâtre la vitre: buée roule boule avec les corps oubliée vrille et: SOLEIL à notre seuil du dehors au dedans de la chambre au lointain d'un oeil rêveur hubloté couché, au coin des ombres aux pieds des dunes fenêtre: ouverte ça tourne s'engouffre ça pique la peau SOLEIL qui du bout des doigts four m i l l e passe l'odeur froide d'un fleuve lequel? le Rhin pour l'ivresse légère, au coin du feu des lèvres le Rhin pour la pâ leur du désir que j'ai de toi qu'elle a de lui pour la can deur alsacienne de tes mains colombes du Rhin ou combles des ruines le Rhin pour son SOLEIL glaçant d'hiver bâillant happé pour le vent à la fenêtre SOLEIL d'où nuite cette chambre moite et rusée SOLEIL - devenu nôtre (car nous t'avons volé)deux corps sont enlêmlés et l’ongle de l'une à l’angle de l'autre caresse: la joue s'ébroue: le coeur étreint: la cuisse tiédie et le geste chuchote: chut, et toi tu pelotes émue ma joue: hihitu GRIFFES: aïe!un genou dévie, l'autre s'écarte déplie replie frôlé: ce d o s en pont cambré ( brrrrh) sous le drap — — tiré ) ) ) ) gonflé de gestes grimpant sternum/ tendres baisent les soupirs ) ) ) ) ô tendres orteils dé- collés F dé- O A tendus N L en é- D P -ventail E tendus L d'un fil (in- R visible) A tiré P gorgé de nuit immense et d’envoûtements le buste dé- grafé la lune dé- vêtue ventre de l'un bombé sous la moiteur de l'autre et le miroir profond : dont tout mouvement de lui vers elle va comme aile dé- ployée referme la pointe de ses plumes à ses seins ** * et l'oreiller plié pour y dormir ton bisou-nez (blotti contre-mon-rêve (bâti dans ton corps qui tremble (et me boulverse) | |
| | | Ghan Vo
| Sujet: Re: Études Dim 24 Juil - 15:53 | |
| Etude du cou
Voici la longue feuille frissonnante en suspens dans le coin d'ombre de tes paumes
l’écorce, la cime qui trouve écho hors de l’arbre, au long du doigt du vent qui louvoie
Tout entier, secoué par l'averse froide, soudaine me traverse ton parfum comme un geste d'été
Ta bise déshabille ma gorge - lente griffe des profondeurs - y mord la courbe, la fissure d'Adam: pesante sainteté
Ah mécréante ton doigt fait le vitrail de mes sursauts tu y trempes ton rire, ton baiser, tes dents
Par coeur cette cruauté, je la sais
Enfant je meurs en sa tendresse | |
| | | Ghan Vo
| Sujet: Re: Études Dim 24 Juil - 15:55 | |
| Études érotiques
Conte de chambre (I)
En certaines régions, ta peau, bien plus proche du talc ou du grès rouge que d'une peau, suspend mon désir de l'effleurer, de l'inspirer, de l'embrasser. Retient le geste à sa pétrifiante origine : l'idée qu'elle ne pût être que l'enveloppe illusoire d'un corps à deux.
Alors quelque chose éclôt. Le regret de n'être qu'un amant
au lieu de pouvoir me sentir comme cela: statue dont le bassin de pierre friable, enlacé par tes mollets, dont le bras de craie fondu à ton dos, et la tempe à ta main eussent, de craie, été friables immuablement. Peut-être, statue, aurais-je aimé sentir la souplesse des draps se mêler à ce que d'autres yeux verraient luire en nous de pleine sensation.
Peut-être aurais-je aussi voulu, comme ces poutres de bois anguleuses et ces fenêtres qui fondent, en nuit et jour, l'espace de la chambre, fonder, moi aussi, l'espace érotiquement. Que mon désir, à toute matière, se glisse et se révèle. Comme la lumière du ciel entre les persiennes.
Mais je ne suis qu'un amant et tes cernes, à peine réelles, qu'effleurent en pensée mes doigts à la recherche des pensées couchées en tes yeux ne sont encore ces bouts d'ardoises où j'écris la tendresse. Tu n'es pas là.
*
Dehors, je le sais, le béton est froid, peut-être pas sans beauté.
Dehors, je le sais, bien d'autres choses courent à perte.
Courent les temps, les vents, le morne de la ville.
Courent la fureur et l'ennui.
Court l'indifférente mécanique du monde
et bien d'autres choses
Conte de chambre (II)
Merveille, merveille des slips arrimés Sur les poignées de porte Quand cesserez-vous vos mauvais bouts rimés Auprès des petites culottes ?
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| | | Ghan Vo
| Sujet: Re: Études Dim 24 Juil - 15:57 | |
| Étude d'une danseuse
Tes mains sauvages, ouvre-les comme des plages de fleurs ouvertes sur tes joues, sur le chiffon poupon de ton visage. Tends ton bras droit bien haut, que ton petit index couleur de sable blanc suive sa voie céleste et ta taille-clarté taillée comme un silex, tu l'étires, l'étirant tu arrêtes le flux du sang qui incendiait nos âmes trop alertes.
Au cours de tes gestes l'espace fait juste-haut-corps épouse la lenteur du soir, le bleu des nuits. À ton ventre la neige a l'air faite de terre : le coeur est allongé pour nos yeux qui t'adorent. La scène sous ton pied comme d'un ricochet ondoie, ton corps résonne, tes tendons d'eau s'élancent, tes cheveux longs et noirs soulèvent la sonate, Ange, quand tu retombes, le silence dit : oui. | |
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