Échecs, Go, Starcraft II, Ecriture, même combat

Bakercool La dernière blague qui fait rire le serveur de l'édito : C'est un gars qui rentre chez un libraire, et qui dit "vous avez quoi comme livre à me conseiller, c'est pour offrir" et là le libraire lui dit "monsieur, vous êtes dans une libraire...adressez-vous plutôt aux grands sites de communications, ils auront tout ce qu'il vous faudra". Le type surpris demande "mais que faites-vous ici alors ?" et le libraire répond "je bosse pour les grands sites de communications". Smilefaces, afaces hilares, spammages de lifewalls et j'en passe. Ce dialogue vient de ma dernière novelist Carnages Éteints. En fouillant un peu dans mes archives sauvegardées sur ma bibliothèque de disques durs, j'ai retrouvé des pratiques anciennes, quand les wordmen allaient se faire publiquer chez les éditos, des gars passionnés des mirettes, qu'avaient pas encore de liseuses ou même de livres sonores à downloader en live sur ton serveur-vie. Ces mecs en avaient dans le justaucorps, même si la plupart devait renifler des alcools qu'on ne trouve plus que dans le Sud de la cité...et j'ai eu l'idée originale d'écrire là-dessus, de faire prendre conscience au serveur de l'édito et aux autres wordmen de ma trempe ce qui se faisait avant. Comme un saut dans l'histoire-thriller, avec un personnage qui défraye les contrastes de tous les logiciels de création romancière personnalisée avancée. J'ai repris, à l'ancienne manière, l'ordi de mon prédécesseur génital, sixième nominalité, cheveux blancs, effets rides, début des prothèses de jouvence. Un type abîmé, qui tapotait sur son Vade Mecum Mac Pro des poèmes ringards, avant que la poésie algorithmo-ventriculaire soit inventée par des génies de la sixième bande. A peine publiqué, mais productif, le pré-parent ! Racontant sa vie, son oeuvre, dans une espérance de vie logiquement risible. J'ai vu les moyens, j'ai vu les techniques, et j'ai écrit de nouveau comme on ne le fait plus, à l'ancienne, sans exo-stylos, sans logiciel de maintenance syntaxique, sans programmes de correction stylistique, sans disque dur bibliothèque comportant tous les romans remaniés aléatoirement pour former l'énième nouveau best-seller qui mélange tous les romans du monde sous l'énième nouvelle façon d'écrire. Sans les pilules proustiennes, les comprimés lévytiques, les parabellums bibliques, les cachets arlequinottes, les sirops rimbaldiens, les sprays confusionnistes, les piqûres austeniennes, les antibiotiques artaud-saintexistes ! Exit toutes ces nouveautés qui ont renouvelé pour les siècles à venir la grande littérature ! Je me suis retrouvé, comme un fou dans une cage d'oiseau-grizzly électrique, seul face à la page blanche de la vieille bécane, quasiment un trésor de la cité, une archive que renierait pas le Musée Vital.
Alors, étrangement, je me suis mis à bouger, remuer, bringuebaler, tousser, rager, taper du poing sur la table. Je beuglais physiquement, corporellement, mon corps voulait dire quelque chose, mes bras, mes jambes répondaient aux échos sinistres, lugubres et aux tic-tacs luminaires de mes diodes affolées, je vivais, je respirais un autre air que l'air distillé par la cité, je vivais, je buvais autre chose que mon whisky énergisant, mais un bourbon teinté d'un jus de cerise maison, deux glaçons qu'importe ce que disent les amateurs énervés ! Je vivais, je touchais des touches encore chaudes, ces choses vivaient, la mécanique électronique s'agitait sous mes doigts, et j'ai compris ce que la cité avait oublié dans la technologie vitale : je créais ! Les hantises non sauvegardées de mon pré-parent avaient raison, au moment où je regardais le résultat sur mon propre lifewall : non, pire, j'étais ce résultat : mon lifewall : j'étais, moi, lifewall, le mien : j'étais.
Alors j'ai commencé à écrire à l'ancienne, comme avec une vieille recette moléculaire. Cette novelist sans novlangue, reprenant des dialectes d'esperanto, des idéogrammes français, anglais, espagnols, et ces dessins self-signifiants germano-gotho-polypolicés ! J'ai tout repris, jusqu'à décharger toute ma mécanique, et je me suis retrouvé, tout seul dans le noir du soleil de la cité, sans que je ne règle ma luminosité céleste, à taper comme un fou, à taper sur la machine, pour me sentir vivant au sein du carnage, me sentir là, complètement bouillonnant au-delà de la matière, au-delà de tous les serveurs, et j'ai senti, j'ai cru sentir ! j'ai senti quelque part que mon cerveau était plus puissant que la ville.